Mettre en œuvre un projet d’aménagement sur un territoire engendre potentiellement des impacts sur la biodiversité. Que ce soit en phase de chantier mais aussi à moyen ou long terme. Aussi, il est primordial de prendre en compte l’environnement en amont du projet afin de préserver au mieux la biodiversité. La mise en place d’un suivi écologique sur le site impacté va permettre de suivre l’évolution de la faune et de la flore locales. Mais qu’est-ce qu’un suivi écologique ? Comment et par qui est-il réalisé ? Pourquoi le mettre en place ?
Illustration avec notre bureau d’études en environnement CERMECO au sein de la centrale photovoltaïque développée, construite et exploitée par REDEN à Samazan, dans le Lot-et-Garonne.
Qu’est-ce qu’un suivi écologique ?
Le suivi écologique a pour objectif d’apporter une photographie de la biodiversité d’un site sur une ou plusieurs années. Il fournit des données quantitatives et qualitatives et permet ainsi de mesurer l’influence de l’aménagement réalisé. Le suivi écologique sert également à vérifier l’efficience des initiatives mises en place pour préserver la faune et la flore locales, notamment dans le cadre de la séquence ERC « éviter, réduire, compenser ».
Comment et par qui est réalisé le suivi écologique ?
Un suivi écologique se programme sur une ou plusieurs années. En général, il a d’abord lieu en phase de chantier. Il se compose ensuite de passages sur les 3 premières années d’exploitation du site, d’un contrôle la 5e année, et enfin d’un contrôle une fois tous les 10 ans. Le suivi peut être plus régulier en fonction des enjeux préalablement identifiés.
Réalisé par des écologues, chargés de mission faune et flore en bureau d’études en environnement, ce suivi fait l’objet de plusieurs passages par an sur le site, à des saisons différentes. Il permet ainsi de répertorier et d’observer un maximum d’espèces.
Il est réalisé à partir d’inventaires standardisés : des protocoles techniques et scientifiques proches de ceux des inventaires classiques mais reproductibles. « Nous mettons en place des transects ou placettes, explique Aurélien Costes, Directeur du bureau d’études en environnement spécialisé dans l’écologie, CERMECO. Cela nous permet d’étudier plusieurs facteurs comme, par exemple, l’incidence de l’ombrage des panneaux photovoltaïques, l’hygrométrie, le passage des engins… »
Adapter les mesures en faveur de la biodiversité
« En fonction des observations réalisées, les écologues adapteront les mesures préalablement préconisées ou proposeront la réalisation de nouveaux travaux visant un gain supérieur de biodiversité », explique le Directeur de CERMECO.
REDEN, producteur indépendant d’énergie et de modules photovoltaïques, développe l’ambition de favoriser, au-delà des prérequis réglementaires, la biodiversité au sein de ses centrales solaires. En instaurant les suivis écologiques, le développeur souhaite mesurer efficacement les bénéfices des initiatives mises en place pour la biodiversité. Il espère aussi évaluer l’influence de la production d’énergie solaire sur l’environnement, comme l’explique Cécile Gomez, responsable du service agro-environnement. Depuis 3 ans, le bureau d’études en environnement CERMECO réalise un suivi écologique sur le site de Samazan (Lot-et-Garonne).
Centrale photovoltaïque et biodiversité ne sont pas incompatibles
Au sein de cette centrale solaire, une zone particulièrement sujette aux risques d’inondation a été placée en délaissé dans le cadre de la séquence ERC. « Nous avons fait le choix de l’inclure dans le périmètre du parc afin de la préserver et de la faire bénéficier du suivi écologique », explique Cécile Gomez.
Le fait d’y laisser le sol et la végétation s’exprimer a favorisé la zone humide existante qui s’est développée au fil des ans. « Une jonchaie, caractéristique d’une zone humide, se créé depuis 2023 sous les panneaux photovoltaïques. Ceci nous permet de confirmer, malgré les préjugés sur le sujet, qu’il n’y a pas d’imperméabilisation du sol sous les panneaux. Ici, nous observons un gain indéniable de fonctionnalités et de biodiversité », complète Aurélien Costes.
Outre cette zone humide, d’autres résultats révélés à la suite des suivis écologiques de ces 3 dernières années sont particulièrement encourageants. En effet, le site, situé au cœur d’une zone d’activités artisanales inondable abritait des espèces végétales communes et les enjeux écologiques y étaient limités. Après la construction de sa centrale solaire, REDEN a recréé un corridor écologique en bordure de la centrale, plantant des haies composées d’essences locales. Une prairie mellifère de 32 espèces locales a également été ensemencée. Notre chargé d’études scientifiques, Adrien Castro Torres, a d’ailleurs constaté un bénéfice pour les abeilles sauvages après cet ensemencement. (voir notre article sur les études menées par CERMECO ici)
Préserver la faune en implantant nichoirs, gîtes à chiroptères et mammifères, refuges …
Quelque 69 aménagements pour la faune sauvage ont aussi été implantés : nichoirs, hôtels à insectes – de petit volume pour éviter de favoriser les parasites – gîtes pour mammifères, refuges (hibernaculum et pierriers) destinés aux reptiles et amphibiens, bac à sable et talus pour la nidification des abeilles solitaires.
L’ensemble de ces aménagements a porté ses fruits. Les suivis écologiques réalisés depuis 2021 par CERMECO ont prouvé que la biodiversité se développe et se diversifie sur la centrale. Vingt-cinq espèces faunistiques ont été recensées en 2023 dont des oiseaux nicheurs qualifiés de « quasi-menacés » tels que le Faucon crécerelle, l’Hirondelle rustique ou le Tarier pâtre ou « vulnérables » tels que la Cisticole des joncs, le Chardonneret élégant et l’Elanion blanc. Onze espèces de chauve-souris ont également été inventoriées.
« On montre ainsi que sur un terrain sans enjeux écologiques au départ, avec un environnement peu favorable à la faune et la flore aux alentours, on peut améliorer les choses du point de vue de la biodiversité », sourit Cécile Gomez.
Quelques articles sur la journée biodiversité organisée par REDEN sur la centrale photovoltaïque de Samazan à retrouver ici :
- Article de PV magazine
- Article de Plein-soleil
- Article de Sud-Ouest