Les ensifères, sous-ordre des orthoptères représentés par les sauterelles, grillons et courtilières, échappent souvent aux méthodes d’inventaire traditionnelles de fauche, de battage ou de détection à vue. Depuis quelques années, une nouvelle méthode émerge et permet d’identifier les espèces aux habitats difficilement accessibles et aux chants (majoritairement nocturnes) peu ou non audibles par l’oreille humaine : l’identification acoustique à l’aide d’un détecteur d’ultrasons à expansion de temps.
En septembre 2024, Roxane Raynal, entomologiste chez CERMECO, a suivi une formation intensive au cœur du parc naturel de Brenne avec Julien Barataud, pionnier de la méthode. Elle est désormais capable d’utiliser cette technique pour affiner les inventaires écologiques réalisés par notre bureau d’études en écologie dans le cadre d’études d’impact environnemental.
Qu’est-ce que la méthode d’identification acoustique des ensifères ?
Cette méthode repose sur la bioacoustique. Les ensifères émettent des sons caractéristiques appelés stridulations, produites par le frottement des élytres, notamment pour attirer des partenaires ou défendre un territoire. Chaque espèce possède une signature sonore propre, qui peut être analysée grâce à des enregistrements effectués sur le terrain depuis un détecteur à ultrasons semblable à ceux utilisés pour les chiroptères.
Une fois le terrain balayé et les enregistrements effectués, une analyse minutieuse est réalisée à l’aide de logiciels spécialisés tel que BatSound, permettant de générer des spectrogrammes visualisant la fréquence des sons au fil du temps. « L’analyse acoustique est effectuée à partir de séquences ultrasonores transformées en expansion de temps c’est-à-dire avec des sons audibles ralentis 10 fois. Cela permet de mieux discerner les détails acoustiques tout en conservant la structure des sons », explique Roxane.
« Grâce à un long et fastidieux travail de terrain et d’analyse, Julien Barataud a mis au point une clé d’identification acoustique de l’ensemble des sauterelles en France. Elle utilise les caractéristiques sonores comme la fréquence, la durée et le rythme », poursuit Roxane.
Applications et enjeux : des inventaires et suivis plus exhaustifs et moins invasifs
L’utilisation de cette technique novatrice présente plusieurs avantages par rapport à l’observation visuelle. Tout d’abord, les chants peuvent être captés à distance même lorsque le sujet n’est pas visible (habitat nocturne, végétation dense). De plus, la reconnaissance acoustique permet de différencier des espèces très similaires morphologiquement, dont l’identification basée sur la simple apparence peut être délicate.
« Cette approche révolutionne nos inventaires en améliorant la détection d’espèces », déclare Roxane, soulignant l’intérêt croissant de cette technique parmi les bureaux d’études et associations écologiques. « Avec les méthodes traditionnelles, nous passons vraisemblablement à côté d’un pool d’espèces important. Sans compter que certaines techniques peuvent être assez invasives. Grâce à l’identification acoustique, nous allons pouvoir tendre vers plus d’exhaustivité dans les inventaires réalisés dans le cadre d’études d’impact environnemental », se réjouit-elle. Roxane évoque aussi la possibilité de procéder à des inventaires ciblés sur des espèces à enjeu, et d’effectuer des suivis de populations d’ensifères plus précis.
Sa mission est désormais de transmettre son savoir-faire sur cet outil précieux à ses collègues entomologistes.
Notre groupe de bureaux d’études en environnement Etcée Terra, convaincu que la maîtrise de notre métier repose sur un apprentissage continu, s’engage à former ses collaborateurs aux dernières techniques et innovations. Ainsi, nous cultivons l’ambition de rester à la pointe de l’expertise environnementale et de proposer des solutions toujours plus pertinentes face aux enjeux environnementau