L’inventaire des mammifères terrestres est une tâche complexe en raison de la nature discrète de ces espèces. Contrairement à l’avifaune ou l’entomofaune, leur observation directe est rare. Heureusement, plusieurs protocoles d’inventaire de la mammalofaune ont été développés pour minimiser le dérangement tout en assurant un suivi efficace. Ces identifications sont effectuées dans le cadre des études d’impact environnemental menées par les chargés de missions faune du bureau d’études en écologie CERMECO, afin d’évaluer la présence et l’état des populations de mammifères sur des sites potentiellement affectés par des projets d’aménagements.
Identification de la Mammalofaune grâce aux empreintes et épreintes
L’une des méthodes les plus simples pour réaliser un inventaire des mammifères terrestres est l’observation des indices de présence indirects, tels que les empreintes ou les épreintes (crottes). Les empreintes permettent de différencier plusieurs espèces, notamment les grands mammifères comme le Blaireau européen, le Renard roux, le Chevreuil européen et le Sanglier. Ces protocoles d’inventaire des mammifères reposent sur une analyse fine des traces laissées sur le terrain. Pour les micromammifères, la distinction n’est pas possible de cette manière.
Pour d’autres espèces, les épreintes sont déterminantes. C’est par exemple le cas de la Loutre d’Europe. Elle laisse, pour marquer son territoire, des déjections odorantes bien visibles sur les rochers au niveau des cours d’eau. L’odeur et la composition permettront de confirmer l’espèce en fournissant des informations sur son régime alimentaire principal. (Figure 1)
Pour autant, certaines espèces peuvent avoir des comportements similaires. C’est le cas pour la Loutre et le Putois d’Europe. Il faut alors combiner l’observation des épreintes et l’utilisation de pièges photographiques pour les distinguer.
Le piège photographique : un protocole d'inventaire clé pour les mammifères
Le piège photographique est un outil efficace et discret pour documenter la faune locale sans la perturber. Correctement installé, il capture des images ou des vidéos des espèces présentes, fournissant des données cruciales pour leur identification. (Figure 2)
Pour une observation optimale, il est conseillé de le laisser en place plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Cela permet d’augmenter les chances d’échantillonnage mais aussi d’enlever les odeurs humaines laissées lors de l’installation du piège. L’observation longue durée rend également compte des habitudes des mammifères observés comme les blaireaux qui sortent tous les soirs à horaire fixe de leur blaireautière et empruntent le même chemin.
Ce protocole est particulièrement utile pour inventorier la grande faune : Mustélidés (Martre des pins, Blaireau européen, Fouine, Loutre d’Europe, …), Cervidés (Chevreuil européen, Cerf élaphe), Lagomorphes (Lapin de garenne, Lièvre d’Europe), Canidés (Renard roux, Chacal doré, Loup gris), et Suidés (Sanglier). Il est évidemment idéal pour capturer des images de la faune aux mœurs discrètes laissant peu d’indices de présence.
Analyse des pelotes de rejection : un protocole d'inventaire des micromammifères
Pour les micromammifères, d’autres méthodes spécifiques sont utilisées. L’une des plus courantes est l’analyse des crânes retrouvés dans les pelotes de rejection des rapaces nocturnes, comme les Effraies des clochers et les Chouettes hulottes. En effet, les chouettes ne digèrent pas l’animal en entier et vomissent les poils et os. Leurs analyses et en particulier celles des crânes, permettent une identification précise des espèces locales de micromammifères. Des clés de détermination ont été mises en place pour aider à cette tâche. (Figure 3)
Méthodes sélectives : cibler des espèces de mammifères spécifiques
En complément des méthodes généralistes, des protocoles plus sélectifs sont mis en œuvre pour l’inventaire des mammifères terrestres. Cette fois, ils visent l’identification d’une espèce en particulier.
Les pièges à poils, par exemple, sont couramment utilisés pour le suivi génétique des populations de grands mammifères tels que l’Ours brun.
Des dispositifs comme les tunnels à empreinte, utilisant de l’argile autodurcissante notamment, ciblent les mammifères plus petits tels que le Muscardin pour lequel un protocole d’action vient d’être instauré par la SFEPM.
Pour en savoir plus :
Des appâts, comme le beurre de cacahuète par exemple, peuvent être employés pour attirer l’animal dont l’image sera alors capturée par un piège photographique (voir schéma).
En utilisant ces diverses méthodes, il est possible d’optimiser l’inventaire des mammifères terrestres tout en respectant leur comportement naturel et leur habitat. Chaque protocole apporte des informations complémentaires pour une identification précise de la mammalofaune, permettant ainsi de mieux comprendre et protéger ces espèces.