Vous êtes passionné par la biodiversité et souhaitez exercer un métier en lien avec la préservation de l’environnement. Vous suivez des études qui vous mèneront dans cette voie mais, vous vous demandez quelle profession exercer à l’issue.
Pourquoi ne pas devenir écologue au sein d’un bureau d’études ? A quoi ressemble le quotidien d’un chargé de mission flore ou faune dans une de ces structures ? Lucie, Bryony et Chloé, respectivement spécialistes « flore et habitat », « herpétofaune et entomofaune » et « avifaune et mammifères » chez CERMECO, nous en disent plus sur leurs tâches quotidiennes. Une chose est sûre, elles ne connaissent pas la routine !
Le rôle du chargé de missions faune ou flore : préserver la biodiversité
Comme le définit l’OFB (Office Français de la Biodiversité), « la biodiversité désigne l’ensemble des êtres vivants ainsi que les écosystèmes dans lesquels ils vivent. Ce terme comprend également les interactions des espèces entre elles et avec leurs milieux. »
La biodiversité répond aux besoins directs de l’Homme : respirer, boire, se nourrir, et contribue également aux activités humaines en fournissant énergies et matières premières. Elle est donc notre plus grande alliée.
Le rôle du « chargé de missions faune ou flore » est de mesurer et prévoir l’impact d’une activité humaine sur un environnement donné et sa biodiversité. Pour cela, tôt en amont de projets d’énergies renouvelables, d’aménagement, de réhabilitation d’un site industriel, etc … l’écologue réalise des inventaires dans le cadre d’études d’impact, monte des dossiers réglementaires et fournit des recommandations (1). Cela lui permet de mettre en exergue les enjeux selon les espèces répertoriées. Le chef de projets prend ensuite le relais pour rédiger et présenter l’évaluation des impacts sur le milieu naturel et la biodiversité au porteur de projets. Des mesures concrètes sont préconisées. Elles visent à la pleine prise en compte des enjeux révélés dans la réalisation du projet et permettront donc, son bon déroulement.
Préparer le terrain : la phase de recherches bibliographiques
Pour chaque projet, une étude approfondie est réalisée en amont de l’inventaire sur le terrain.
« J’effectue un repérage sur une carte représentant l’aire d’étude, explique Lucie, chargée de missions flore et habitat. La topographie du terrain me donne une première idée des potentielles zones humides.
En m’appuyant sur des bases de données naturalistes, je vais établir la bibliographie des espèces à enjeux que je suis susceptible de trouver sur le terrain et que je vais lister. »
Nos chargés de mission faune effectuent le même travail bibliographique de leur côté.
Une observation méthodique du site
Une fois sur le terrain, Lucie quadrille la zone. Carnet et stylo en main, elle scrute le sol. « Je m’oriente en fonction des nuances de vert qui indiquent des habitats différents. »
Ses outils sont basiques, un GPS, un guide botanique, une microloupe qui lui permettra de mieux observer des espèces intéressantes et un bon appareil photo.
« Une petite subtilité peut s’avérer essentielle dans l’identification. Il suffit, par exemple, de la présence de petits poils sous une feuille ou sur une tige pour que l’espèce diffère », renseigne Lucie.
Bryony, de son côté, part à la recherche des zones les plus humides et des milieux boisés. « Nous sommes en pleine période de reproduction des amphibiens », explique-t-elle, agenouillée au bord d’une flaque pour mieux examiner les têtards qui y évoluent. « Le mot d’ordre, c’est de ne rien ramener, alors il faut être très attentif. De nombreuses espèces étant protégées, il n’est pas permis de capturer d’individus pour parfaire l’identification. Tous les critères doivent donc être analysés directement sur le terrain ou via des photographies expertisées en détail a posteriori. » La jeune femme repère également les ronciers, habitat favorable aux reptiles. Elle déposera quelques plaques qui pourront leur servir de refuges pour se réchauffer et faciliteront leur observation au prochain passage.
Les chargés de missions faune et flore en effectuent ainsi plusieurs sessions d’inventaires afin de suivre un cycle biologique complet. « L’idée est de tendre un maximum vers l’exhaustivité », explique Lucie.
Les chargés de mission « faune » effectuent également des expertises nocturnes. « En période de reproduction, les amphibiens sont très actifs la nuit et plutôt bruyants. Il est donc plus facile de les identifier une fois l’obscurité tombée », confie Bryony.
C’est aussi le moment idéal pour les inventaires de chiroptères. Chloé, spécialiste de l’avifaune et des mammifères, est d’ailleurs en train de répertorier les arbres de la zone d’implantation du projet (ZIP) susceptibles de servir d’abris aux chauves-souris. « Nous allons ensuite placer des enregistreurs d’ultrasons à différents endroits de la ZIP et au sein d’habitats différents. » Le temps d’une nuit, les appareils captent les déplacements des chiroptères. « Le logiciel nous fournit ensuite un tableau répertoriant les espèces trouvées en fonction des fréquences émises, et un pourcentage de fiabilité. » Des résultats que le chargé de missions contrôle et interprète.
« Le processus est répété deux à trois fois dans la saison afin de connaître les transits des chiroptères, notamment entre leur gîte hivernal et celui de reproduction », complète Chloé.
En parallèle de ces enregistrements, lors des sorties nocturnes, le chargé de missions utilise un autre appareil lui permettant, grâce à une molette, d’ajuster les fréquences et d’identifier en direct les espèces présentes. « Nous effectuons ces relevés sur d’autres points de l’aire d’étude afin de collecter des données supplémentaires sur l’occupation du site », confie Chloé.
Elle profite également de la nuit pour observer la présence de rapaces nocturnes. « Nous prélevons aussi des pelotes et analysons le contenu qui apporte un complément d’information sur la présence des micromammifères. »
En journée, Chloé s’intéresse également aux oiseaux. « En cette période, il faut se lever tôt car ils sont très actifs au lever du jour. » La chargée de missions effectue des points d’écoute de 20 minutes, à différents endroits de la ZIP. Elle complète son inventaire en se promenant, l’oreille tendue et ses jumelles prêtes à être dégainées. Si elle peut s’appuyer sur guides et applications en ligne, elle doit faire appel à sa mémoire pour identifier rapidement les spécimens rencontrés. C’est aussi le moment pour observer les mammifères ou les traces de leur passage (empreintes, déjections, restes de repas…).
Décryptage et analyse, cartographie et rédaction
De retour au bureau, les chargés de missions vont décrypter et analyser leurs notes, enregistrements, photos… qui leur permettront d’identifier et de lister toutes les espèces présentes sur le site. En compilant et comparant les données collectées lors de leurs différents passages ils tirent des conclusions et évaluent les enjeux.
Des cartographies illustrent ces résultats. Pour la flore, une carte des espèces exotiques envahissantes complète l’étude.
Le rapport détaille le procédé d’inventaires et les résultats obtenus en répertoriant les différents enjeux relevés pour chaque espèce avec leur niveau d’importance.
Un rôle essentiel dans la préservation de l'environnement
Le chargé de missions faune ou flore joue donc un rôle essentiel dans la préservation de l’environnement en produisant des rapports d’analyse obligatoires lors du montage d’un projet d’aménagement. Son expertise est indispensable dans la définition de mesures adaptées pour éviter, réduire et/ou compenser (ERC) les impacts significatifs sur l’environnement (2). Chez CERMECO, il travaille au sein d’une équipe soudée, aux compétences pluridisciplinaires, qui lui permettra de se former en continu et de développer ses savoirs afin de répondre de manière rigoureuse aux besoins des aménageurs et de l’administration. Ses tâches seront variées, alternant terrain et bureau et permettront le suivi des projets avant et après leur réalisation.